Je m’approche de l’Auberge Saint-Antoine un samedi matin, comme plein d’autres samedis avant. Un voiturier s’approche, mais je secoue les mains :

‘Non non haha! Pardon, je ne suis pas quelqu’un d’important, je ne suis pas une cliente, je viens simplement travailler comme fournisseure’. Ça ne le fait pas broncher. Il va quand même conduire ma petite Kia 2017 comme une grosse Surburban 2025.

Photographe : Sunny Photographe

Le Saint-Antoine me traite comme une star, alors que je travaille au même titre que les employés. J’aurais pu croire à un petit ‘kick’ par un employé qui se dévoue plus que les autres, mais à moins que toute l’équipe se soit donné le mot,  j’en suis venue à la conclusion que j’expérimente leur éthique d’affaires.

Photographe : Dany Vachon

Le Saint-Antoine est juste assez petit pour être intime, et juste assez gros pour tous les genres de mariages : la suite panoramique et sa terrasse privée, la suite 007 (en ambiance James Bond…), la salle lumineuse pour mise en beauté des grands cortèges (Charles Aubert de la Chesnaye), la terrasse du restaurant Chez Muffy pour les cérémonies d’été. Et il y a des décors photos dans chaque angle, avec des murs de pierre au dedans et au dehors et une rue avec très peu de touristes!

Photo : Dany Vachon

Le café arrive toujours quelques minutes après mon arrivée. Il y a le grand miroir sur pied (‘c’est celui qu’on a acheté pour la visite de Céline Dion’ me dit le concierge), et les grandes tables nappées, sans que je l’aie demandé. Le lunch que je reçois comme fournisseure est toujours divin. Un sandwich et une salade du restaurant Chez Muffy seront toujours excellents, et le dessert est à tomber par terre. J’en ai même rapporté à mon amoureux quand il en restait…

Photo : Annie Simard

Il ne faut pas que ça porte malheur de le révéler, mais je n’ai eu, jusqu’à présent, que de bonnes à merveilleuses expériences avec mes clientes séjournant au Saint-Antoine.  On doit partager les mêmes valeurs d’affaires sans qu’on les ait étudiées ensemble, et nos clientes ont une expérience fluide de eux à moi. Voilà ce que j’observe par expérience : si une cliente est un bon match avec le Saint-Antoine, elle est un bon match pour Laurel Maquillage. Quand je lis dans mon formulaire de mariage que je vais travailler au Saint-Antoine, on dirait que je mets ce dossier-là au-dessus de ma pile, parce que tout sera facile.

Photographe : Sunny Photographe Photographe : Sunny Photographe Photographe : Sunny Photographe Photographe : Sunny Photographe

J’ai aussi un lien tout à fait sentimental avec l’Auberge Saint-Antoine. Le 4 juillet 2017, je suis appelée par une gérance d’artistes pour un maquillage-coiffure. C’est pour Isabelle Boulay. Je n’ai aucune idée de comment mon nom s’est rendu là – je suis une bébé maquilleuse, j’en fais à temps plein depuis seulement le début de l’année! De toute façon, pas question de refuser.

C’est au Saint-Antoine. Je revêts ma meilleure assurance, et je fais de mon mieux. C’est Isabelle qui tracera elle-même son crayon à lèvres puis qui me montrera comment elle pose ses gros rouleaux chauffants, parce que… c’est parmi les premières fois que j’utilise cette méthode, et ça paraît! Mais elle se montre contente, notre échange est positif et on me demande ma carte professionnelle. Le lendemain, ses photos font la couverture du Soleil.

Ce soir-là, en sortant du Saint-Antoine, je suis traversée d’une puissante vague de soulagement (de ne pas avoir ruiné ma carrière débutante avec un mandat trop avancé pour mon niveau).

Photo : Simon Clark

Je DOIS le partager avec quelqu’un, célébrer! Mon esprit est vide : qui appeler? Pas mon (ex) amoureux : j’ai rompu il y a deux semaines. Pas non plus mon meilleur ami : il me soutient déjà émotionnellement dans la rupture. Mon doigt défile dans ma liste d’amis Facebook, et s’arrête à Vincent. ‘Ah, Vincent, Vincent va être content pour moi’. Vincent est un ami du secondaire, qui est un mélange entre un golden retriever, votre ancienne professeure préférée et le soleil. C’est Vincent, qui a toujours eu un kick sur moi, mais le timing n’a jamais été là…

 Photographe : Sunny PhotographePhotographe : Sunny Photographe

Nous sommes allés boire une bière et manger un nacho. Sept ans plus tard, on est toujours ensemble et fous amoureux, comme de jeunes mariés…

Ce matin, le voiturier m’offre encore de porter mes bagages : je refuse encore, car je pense que ce n’est pas approprié comme je travaille comme lui. Parfois, au bout de sept ans à passer faire un tour, j’accepte.

Photographe : Catherine Boudreau
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